- Restauration de Meubles -
LES ESTAMPILLES
L’estampille avait déjà été imposée au XVII ème siècle ( et même dans les statuts de 1647 ). Au XVII ème, le maître tapissier était le principal facteur boutiquier de la commercialisation du maître menuisier et du maître ébéniste. Surtout pour les sièges, où il se rendait indispensable. Car ces sièges n’ayant, au début, que peu de bois apparents, ils nécessitaient un long travail de garnissage. Mais au termes des règlements, les tapissiers se devaient de ne vendre que des ouvrages exécutés par des maîtres.
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Georges Jacob (1739-1814) – maîtrise le 4 septembre 1765 : Il est le plus célèbre et le plus créateur de tous les menuisiers en siège du XVIIIe siècle en France. Au premier rang de sa riche clientèle figure la famille royale.
Georges Jacob est né en 1739 à Cheny dans la région bourguignonne. Fils d’Etienne Jacob et de Françoise Beaujan, laboureurs, il arrive très jeune à Paris en 1755 comme apprenti menuisier chez Jean-Batipte Lerouge – établi rue de Charenton. Il entre ensuite comme compagnon chez Louis Delanois, le fournisseur de Madame du Barry, maîtresse de Louis XV. Promoteur du style néoclassique dans le siège, Delanois exerce sans conteste une influence sur les modèles de Jacob. Reçu maître en 1765 grâce à un petit siège en bois doré, Jacob créé par la suite son propre atelier de toute pièce. Deux ans après, il épouse Jeanne-Germaine Loyer issue d’une famille de maîtres brodeurs. Etabli dans ses premières années rue de Cléry, ses ateliers sont transportés en 1775 rue Meslée où se déroule la période la plus favorable de sa carrière et où sont exécutées les plus grandes commandes royales.
Georges Jacob est un innovateur : c’est aussi dans l’agencement et la décor des pieds et dans les bras de ses sièges que l’on retrouve des formules lancées sinon imaginées par lui. Nombre de ses sièges reposent ainsi sur des pieds fuselés à cannelures rudentées. Ces pieds se raccordent à la ceinture par un dé ou case, orné d’une rosace. Dans les modèles les plus luxueux des rubans, des guirlandes ou des feuillages s’enroulent parfois autour des pieds où les cannelures sont remplacées par des faisceaux de flèches. Mais la grande nouveauté mise à l’honneur par l’ébéniste et exploitée à peu près exclusivement par lui est celle des pieds en console, terminés au sommet par une volute. Ils figurent habituellement sur des chaises à dossier en raquette et sur des fauteuils pivotants de bureau ou de toilette. Il est aussi le promoteur des supports d’accotoirs en forme de balustre diversement profilés et sculptés. La sculpture enfin joue un rôle de premier plan dans la majorité des sièges, meubles de menuiserie, écrans et consoles de Jacob, souvent assez abondante. Elle comporte des frises de rubans torsadés, plus ou moins enjolivés de feuillages ou de perles, de frises d’entrelacs, de rinceaux de feuillages, ou de rangs de piastres - en particulier sur les parties courbes des accotoirs - des rangs de perles, des rais-de-cœur, des feuilles d’acanthe stylisées, ou enfin des cannelures droites ou torsadées.
Sur des sièges de commandes comme le fameux mobilier « aux épis » se développe une ornementation sculptée des plus naturalistes pour laquelle les plus curieux veulent y trouver l’origine dans l’ascendance paysanne de l’ébéniste. On y trouve ainsi traité avec une rare minutie des fleurs, lilas, muguet, violette et rose, et des feuillages, vigne, laurier et chêne. Le règne animal est également présent avec des têtes d’aigle au dossier et aux accotoirs de plusieurs sièges ou des mufles de lion comme sur les fauteuils de la Marquise de Marboeuf. Ces sculptures sont parfois confiées à des sculpteurs comme Jean-Baptiste Rode. Des peintres doreurs peuvent également être sollicités.
La Révolution le place néanmoins dans une position difficile. Nombre de ses clients émigrent et ne règlent pas leur dette. En 1796, il finit par faire banqueroute et transmet son atelier à ses deux fils, Georges Jacob Fils et François-Honoré qui créent l’entreprise Jacob Frères Rue Meslée, active sous le Directoire et le Consulat.
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Nicolas Heurtaut (1720-1771) – menuisier en siège – maîtrise obtenue le 22 août 1753 : Nicolas Heurtaut est reconnu comme l’un des plus grands menuisiers en sièges du règne de Louis XV.
Issu d’une famille de menuisiers en sièges parisiens, Nicolas Heurtaut est présenté par ses contemporains comme un homme plein de vie et d’idées. Fils du maître sculpteur et membre de « l’Ecole d’enseignement théorique de la Communauté des maîtres peintres et sculpteurs » Claude Heurtaut et de Marie-Charlotte Lhorloger. Il est aussi l’époux de Marie-Geneviève Destrumel, fille du maître menuisier Guillaume Antoine Destrumel. Il se tourne d’abord vers la sculpture et intègre en 1742 l’Académie de Saint-Luc – nouveau nom donné à l’Ecole de son père. C’est sous cette profession et jusqu’en 1753 qu’il exerce rue de Neuve-de-Cléry sous l’égide des plus grands menuisiers de l’époque comme Claude Sené ou encore les frères Nicolas et Jean-Baptiste Tilliard. Reçu maître menuisier à la Communauté des menuisiers-ébéniste 1753, Heurtaut enregistre finalement ses lettres deux ans après, en 1755 et s’installe rue de Bourbon-Villeneuve dans l’ancienne fabrique de son beau-père, à l’enseigne de « La Bonne Foi ». Par ailleurs, il possède « un chantier » qu’il loue et où il y entrepose son stock de gros bois. En qualité de menuisiers et sculpteurs, il travaille pour des marchands mais aussi des tapissiers. Il réalise également des commandes pour une riche clientèle comme le duc de la Rochefouchault ou le marquis de Villarceaux.
L’œuvre de Nicolas Heurtaut est largement marquée par sa première profession de sculpteur. Véritable sculpture, son ensemble le plus caractéristique se compose d’un canapé à confidents indépendants, de six fauteuils en suite et de quatre fauteuils d’un modèle différent. Il est sculpté de coquilles déchiquetées, de volutes, de palmes, de feuillages et de fleurs. Les côtés du canapé et des confidents s’emboîtent avec précision malgré leurs lignes sinueuses et la complexité de leur décor rocaille. Enfin, les volutes à la base des dossiers s’enroulent vers l’extérieur et celles des pieds vers l’intérieur. A côté de ces chefs-d’œuvre, l’ébéniste réalise aussi des ouvrages moins chargés, notamment des fauteuils dans le goût rocaille. Sa manière évolue dans les années 1760 avec le goût de l’époque ; les lignes et les structures sont allégées, la sculpture est largement diminuée et les coquilles et feuillages à profusion laissent place aux roses et à des feuillages plus modérés. La découpe du dossier et de la ceinture reste souple mais s’étire un peu tout comme le galbe des pieds. Quelques modèles sont seulement moulurés. Heurtaut s’aligne aussi sur le recueil néoclassique qu’il mêle encore parfois avec des motifs du style Louis XV. Il réalise enfin quelques modèles de sièges entièrement dans le style Louis XVI, notamment de solides fauteuils à la reine ou à dossier médaillon sur des pieds en gaine à section carrée.
Un an après son décès, sa veuve vide son fonds de boutique et décide de le vendre le 5 mai 1772 avec les « ustanciles et les marchandises » au menuisier Jean-Baptiste Rémon. Ce dernier résilie son contrat un an après et abandonne ainsi l’atelier.
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Les manquements forts nombreux incitèrent le Parlement de Paris à arrêter, lors d’un procès qui opposa les menuisiers-ébénistes aux tapissiers, l’obligation pour chaque maître de « marquer de sa marque particulière tous ouvrages » ( 5 Décembre 1637 ). A partir de cette date, tous les marchands tapissiers furent contraints de ne vendre que des meubles signés. Les statuts de 1743, enregistrés en 1751, confirmèrent l’obligation faite aux tapissiers de ne vendre que des ouvrages estampillés et aux maîtres menuisiers - ébénistes de marquer leurs ouvrages. L’estampille fût comprise comme un moyen de contrôler les œuvres de la corporation. Un jugement du 3 Août 1761, faisait état de fausses estampilles relevées par les jurés. Les marchands merciers n’étaient pas obligés de vendre des ouvrages signés ( arrêt du 20 Janvier 1749 ).
C’est à partir de 1743, que prit effet la ré-obligation pour chaque maître de marquer ses ouvrages avec un fer portant son nom ou ses initiales. Mais bien avant cette date, dès la Régence, fidèles aux statuts de 1637, certains maîtres utilisaient déjà une marque. Si les documents nous le prouvent pour divers ébénistes, la production de quelques menuisiers semble aller aussi dans ce sens : la famille Cresson, Nicolas et Jean-Baptiste Tilliard, Nicolas-Quinibert Foliot… sont autant de maîtres qui estampillèrent des sièges bien antérieurs stylistiquement à 1743. Il est possible que c’est à cette période que naquirent les estampilles abréviatives. Dire qu’un siège non estampillé est, en tous les cas, un siège ayant été fabriqué avant 1743 est un réflexe inconsidéré. On pourrait expliquer l’absence de marquage par deux raisons principales :
- la première : si dans un ensemble de sièges destinés au même client le menuisier avait bien la possibilité d’estampiller chacun d’eux, il lui arrivait de n’en estampillé que quelques-uns uns. Ce qui explique que cet ensemble, s’il se trouvait divisé aux hasards du temps, perde en partie, mais à jamais, son identité, celle de l’auteur.
- La seconde serait celle du menuisier livrant directement au marchand-mercier. Celui-ci n’était pas soumis à l’obligation de vendre des ouvrages signés, aussi l’artisan vendait son travail sans l’avoir marqué, il était alors, et dans ce cas seulement, en règle avec la corporation.
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Charles-Erdmann Richter - Ébéniste. Maître le 4 février 1784. Fournisseur du Mobilier de la Couronne. Il se distingua dans la fabrication des meubles en acajou, tels que des bureaux à cylindre, des bibliothèques, commodes et consoles, des tables de fantaisie...
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Le 20 août 1751 le parlement vote la constitution de la Jurande. "La cour ordonne que lesdites lettres patentes seront enregistrées conformément néanmoins aux charges, clauses et conditions portées par lesdits arrêts de la Cour des 12 juillet 1745, 20 janvier 1749 et 21 mai 1751" La Jurande est la communauté des Menuisiers Ebénistes (JME). Le siège de la Communauté des menuisiers-ébénistes était situé rue de la Mortellerie. Il abritait la jurande, ou « bureau» , au sein de laquelle un «principal» et six «jurés» réglaient les affaires courantes, choisissaient et vérifiaient les chefs-d’œuvres de maîtrise, pourchassaient les ouvriers libres et surveillaient la qualité de la marchandise des ateliers parisiens. Le principal était choisi parmi les anciens jurés, et les jurés parmi les maîtres répondant à au moins dix ans de maîtrise, aussi bien de menuiserie que d’ébénisterie. Le principal et trois jurés étaient élus chaque année, chaque juré exerçant ainsi sa charge pendant deux ans.
Quatre fois par an (Statuts de 1743), les jurés faisaient le tour de tous les ateliers de maîtres et d’ouvriers libres, afin de contrôler si les ouvrages étaient débités et assemblés selon les règles corporatives. Dans ce cas, ils marquaient, à froid, l’objet examiné avec un fer portant les initiales JME, pour Jurande des Menuisiers Ebénistes et percevaient dix sols. La marchandise défectueuse était quant à elle confisquée et vendue. Tilliard fut nommé juré en 1717, puis principal au mois d’Août 1749, ce qui lui valut un extrait mortuaire ainsi rédigé : «Nicolas Tilliard âgé d’environ 76 ans vivant ancien juré et syndic de la Communauté des maîtres menuisiers… décédé hier».
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Roussens - Menuisier établi à Toulouse. Le père fut reçu maître le 16 mars 1757 et le fils le 7 février 1784. Son estampille a été trouvée aussi bien sur des sièges Louis XV, voire Régence, que sur des sièges Louis XVI, mais aussi sur un certain nombre de meubles.
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→ Louis Cresson ←
Louis Cresson (1706 - 1761) - Menuisier en siège - Maître le 28 Janvier 1738.
Louis Cresson faisait partie d'une famille d'ébénistes trés réputée. Il s'installa rue de Cléry sous l'enseigne "À l'Image de Saint Louis". Malgré un réel talent, sa production ne fut pas abondante. Il fabriqua, dans le style Louis XV, différents sièges cannés ou recouverts d'étoffes, remarquables tant par leur forme que par leur finesse d'exécution, l'ensemble décoré de riches sculptures de fleurs, feuillages ou coquilles. C'est lui aussi qui exécuta, vers la fin de sa vie, la menuiserie d'un appareil roulant, commandé pour le duc de Bourgogne, petit fils de Louis XV.
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Pierre Roussel (1723 - 1782).
Reçu Maître Ebéniste en 1745, Pierre Roussel s'installe rue de Charonne, dans le faubourg Saint-Antoine sous l'enseigne " L'Image de Saint Pierre ". Grâce à ses qualités d'ébéniste et surtout de marqueteur hors pair, il acquiert trés rapidement une grande notoriété. En 1762 il devient juré de sa communauté. Dès 1767 il est considéré comme l'un des meilleurs ébénistes de son époque ce que confirme "l'Almanach d'indication générale ou du Vray mérite " de 1769 qui le cite comme l'un des premiers ébénistes de Paris. Grandement apprécié par ses confréres, il devient député du corps des ébénistes en 1777 puis syndic deux ans plus tard. Ses productions abondantes et variées se sont adaptées à tous les styles du XVIIIe siécle, avec élégance et raffinement. De nombreuses commodes Louis XV, à placage de bois de rose ou de bois de violette sont décorées de marquetteries de fleurs ou de nœuds de rubans. La laque et les paysages de goût d'Extrême Orient sont également souvent utilisés dans sa décoration. Sur les meubles, Transition et Louis XVI on retrouve beaucoup d'ouvrages marquettés de paysages architecturaux de villes, de rivière ou de ports, sans bien sûr oublier les marquetteries à dessins géométriques souvent employés. L'inventaire de ses marchandises, réalisé aprés sa mort, prouve la prospérité de son établissement que sa femme associée à ses fils, prit en gérance.
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Jean-Baptiste Gourdin (1723-1781).
Issu d’une famille de menuisiers parisiens, Jean-Baptiste Gourdin est le fils aîné de Jean Gourdin appelé Père Gourdin et le frère de Michel Gourdin, lui-même menuisier. A l’inverse des artisans du bois du XVIIIème siècle, il n’est pas admis comme apprenti chez un maître menuisier, mais chez le sculpteur Toussaint Foliot, de 1736 à 1741. Par la suite, il retravaille dans l’atelier de son père de 1741 à 1746. Privilégié par sa formation acquise chez ces deux maîtres, il est admis dans la communauté des menuisiers en 1747, alors qu’il n’a pas encore fini son apprentissage. Il épouse en 1746 Marie-Françoise Ferret, fille du maître menuisier Claude Ferret. Au décès de ce dernier, Jean-Baptiste Gourdin hérite de sa boutique, également située rue de Cléry. Il y ouvre son propre atelier et engage des apprentis, pour finir par acheter l’ensemble de la maison en 1761 sous l’enseigne du « Nom de Jésus », près de celui de son père. Gourdin travaille pour une clientèle plus éclectique que celle de son père, composée de nombreux financiers d’Europe. Parmi ses clients les plus renommés, on dénombre de façon assez régulière le prince de Soubise, duc de Rohan, mais aussi le marquis de Bellevaux ; mais sa cliente la plus illustre est sans aucun doute la dauphine Marie-Antoinette lorsqu’elle emménage à la cour.
 Sa production, qui se prolonge jusque dans les premières années du règne de Louis XVI, se compose de modèles classiques sans originalité particulière. On y retrouve des lits de repos, chaises longues ou encore bergères. On y relève tout de même la noblesse des proportions, l’élégance des lignes et la retenue, mises à l’honneur par son père. La majorité de ses ouvrages sont de style Louis XV mais il existe également quelques sièges Transition et des sièges Louis XVI qui évoquent parfois les dessins de l’ornemaniste Delafosse. Le décor sculpté de ses sièges reste un décor assez limité. Parmi ses œuvres les plus emblématiques, on cite des sièges de Louis XV cannés, finement sculptés, dotés d’un dossier asymétrique très original. Toujours dans le style Louis XV, on recense également un très grand canapé à confidents mobiles, sculptés de cartouches ainsi qu’une grande bergère à pieds et ceinture antérieure amovibles qui permettent de la transformer en une chaise longue. On signale enfin un petit fauteuil canné Louis XV en bois mouluré doté d’un haut dossier violoné ainsi qu’un très rare fauteuil à la reine « de présentation » aux ornements sculptés, différents de chaque côté. Jean-Baptiste Gourdin cesse son activité en 1776.
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→ Charles Topino ←
Sans doute originaire d’Arras, Charles Topino démarre sa carrière comme ouvrier libre du Faubourg Saint-Antoine à Paris. Il est le frère du marchand-ébéniste Jean-Baptiste, connu sous le pseudonyme de Lebrund et le neveu du peintre Topino-Lebrun. Maître en 1773, il est appelé en 1782 à la charge de député de la jurande des menuisiers-ébénistes. Reconnu en France et à l’étranger, Topino attire une nombreuse clientèle de marchands-merciers et de confrères ébénistes comme Boudin, Migeon ou encore Delorme mais aussi de seigneurs français comme le marquis de Graville.
Au premier rang des petits maîtres de son siècle, sa production se caractérise par des œuvres très personnelles et très reconnaissables, qui appartiennent essentiellement aux styles Transition et Louis XVI. Les marqueteries, décorées de vases de fleurs, écritoires et divers ustensiles, tels que des tasses, des théières, des jattes - présentées à la manière de natures mortes - ou encore des cartes de jeux et des livres constituent les éléments les plus caractéristiques de ses meubles. Elles s’inspirent le plus souvent des bordures de paravents chinois en laque de Coromandel qui emploient ces mêmes motifs. Réunis dans un compartiment ovale, rond, carré ou disposés en frise, les décors sont très généralement vus de profil et leur découpe, très simple, nécessite un petit nombre de morceaux de bois repris au burin pour les détails. On les trouve sur des petits meubles Transition, pour lesquels Charles Topino marque une nette préférence, principalement sur des bonheurs-du-jour et sur des petites tables de salon. Parmi les bonheurs-du-jour, il réalise principalement ses modèles sous une forme classique, de plan rectangulaire mais aussi quelques modèles de forme ovale qui constituent une nouveauté du genre qu’il affectionne particulièrement. Fréquemment ovales, elles aussi, les tables marquetées d’objets usuels comportent, dans la plus grande partie des modèles, un tiroir au centre de la ceinture et, sur les côtés, deux petits tiroirs qui pivotent.
A côté de ces décors originaux, Charles Topino a aussi pratiqué les marqueteries de fleurs et de paysages. Les premières apparaissent en plus grand nombre sur les meubles Louis XVI. Les secondes, aux scènes champêtres, dans le goût chinois ou d’architectures, ornent plus fréquemment des petites tables tambour rondes, sur trois pieds galbés. Ses plus nombreuses et meilleures productions restent les tables fantaisies de toutes sortes : rondes, ovales, carrées, en corbeille et en jardinière, « à l’anglaise » et « à la jésuite », en acajou incrusté de cuivre, en laque de Chine, en bois des Indes, en placages bordés de grecques ou encore en mosaïques à carreaux et en marqueterie. La commode demi-lune Louis XVI marquetée de fleurs figure également parmi les modèles favoris de l’ébéniste. Il en existe de dimensions différentes. Toutes présentent, sur un fond de bois clair, des marqueteries de corbeilles, de bouquets, de guirlandes de fleurs, qu’encadrent des baguettes en bronze ciselé. Les montants et les pieds fuselés sont marquetés de ciselures simulées. A côté de ces modèles, Topino a également réalisé quantité de meubles de très bonne qualité mais de facture moins personnelle. Son estampille figure ainsi sur des commodes Transition classique, de petites tables ovales marquetées de quadrillages ou plaquées de bois de rose en feuilles ou encore sur des commodes et des bureaux à cylindre Louis XVI en acajou.
Malgré une belle carrière, la mauvaise gestion entraînée par la mauvaise tenue de ses livres de compte et la Révolution contraignent Charles Topino à mettre la clé sous la porte le 21 décembre 1789.
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