Entretien des meubles à la cire
Atelier Bence
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Votre meuble, mis à nu par un nettoyage ou un décapage total, recevra tout d'abord une couche de cire liquide. Vous pouvez diluer à l'essence de térébenthine une encaustique classique de bonne qualité ou composer vous-même votre mélange en fondant au bain-marie un pain de cire d'abeille en y incorporant de l'essence de térébenthine en tournant continuellement. La bonne proportion est de 250 grammes de cire pour un litre de térébenthine (attention de ne pas enflammer ce mélange ; gardez à portée de main un couvercle qui étouffera instantanément les flammes). Cette cire diluée sera passée à l'aide d'un pinceau ordinaire en prenant soin de couvrir tous les détails. Le but de cette première opération est de nourrir les pores du bois creusés par le décapage. Vous laisserez sécher le temps nécessaire. L'absorption est totale. Avec un pain de cire dure, un décapeur thermique, d'une brosse de chiendent ou de plumes d'oie, vous êtes prêt à l'action. Vous allez très vite acquérir le tour de main requis.
Votre cire un peu ramollie sera frottée sur le bois, très vivement, mais en appuyant. Vous constaterez alors qu'un peu de matière reste sur le bois à chaque passage. Vous chauffez alors ces traces avec votre décapeur thermique.Le dépôt de cire fond, pénètre profondément le bois, bouche les pores et s'étend. Vous complétez là où la cire manque, toujours en promenant le décapeur thermique superficiellement. Bien entendu, on ne doit pas insister sur ce «brûlage», le bois noircirait ou la cire s'enflammerait. L'excès de cire à peine figée sera enlevé par un brossage énergique à la brosse dure. Le résultat est vite spectaculaire. Le séchage de la cire en pain est rapide et la brosse écrase toute irrégularité ; le brillant est instantané. Pour les sculptures ou les moulures, vous ferez appel à un «brunissoir». N'ayez pas peur des termes techniques, vous improviserez cet outil avec un simple bout de bois dur, taillé en biseau. Vous pourrez ainsi gratter les motifs sans risquer de les abîmer, comme ne manquerait pas de le faire un outil métallique. La cire a ainsi profondément pénétré et imprégné votre meuble de façon définitive. L'entretien ne vous demandera aucune peine, un essuyage occasionnel au chiffon de laine donnera au bois les reflets les plus vivants.
Un autre procédé très intéressant donne un brillant assez exceptionnel mais, à notre avis, reste un peu artificiel. Il s'agit de passer une couche de vernis copal à l'alcool comme finition, après l'encaustique liquide. La manière de procéder est plus proche du vernissage au tampon que de la patine à l'encaustique. Les formules d'encaustique «miracle» abondent. Une des plus courantes consiste à mélanger du blanc de baleine ou de la stéarine à de la cire d'abeille; la parafine aussi est quelquefois usitée. Il ne s'agit là que d'expédients. On trouve aujourd'hui dans le commerce des encaustiques d'une qualité très satisfaisante dont la composition fait le succès de marques connues. Les très bonnes formules contiennent des cires végétales très dures qui, au séchage, donnent un brillant très solide : c'est le cas de la cire de «carnauba» qui vient d'Amérique du Sud, ou de la cire de feuilles de palmier.
Et le cirage ?
Le cirage employé pour les chaussures a toujours été un précieux auxiliaire de l'ébénisterie, bien que son prix de revient soit élevé. On l'utilise pour donner du relief aux sculptures. Il s'agit bien entendu de cirage teinté. On l'étend avec une brosse fine (les brosses à dents trouvent là une seconde carrière). Après séchage de quelques heures, on frotte superficiellement les motifs à la brosse dure ou au brunissoir, les reliefs s'éclaircissent et les creux restent foncés, car le cirage y reste hors d'atteinte.
Les cas particuliers
Tous les bois d'ébénisterie courante, comme le chêne, le noyer, le merisier, sont justifiables du traitement que nous avons décrit. L'acajou également, bien qu'il soit préféré verni. L'acajou de Cuba, très dense, ne gagnera rien à être ciré à chaud, pas plus que le palissandre de Rio, l'ébène ou le gaïac, bois particulièrement durs, au grain serré, qui n'ont pratiquement pas de pores à boucher. Le teck, consacré naguère à des meubles exotiques, s'est répandu dans le mobilier courant par le talent des stylistes Scandinaves. Ce bois a des exsudations grasses qui le protègent sans qu'il soit nécessaire de l'entretenir avec vigilance. Pourtant, s'il est nécessaire de le nettoyer, usez de trichlo avec un chiffon propre, généreusement imbibé. Après séchage, vous emploierez de l'huile de teck ; c'est un liquide spécial bien préférable dans ce cas à la cire. Vous lustrerez ensuite normalement.
Les résineux
Ils acceptent très bien le cirage à chaud et la sous-couche à l'essence de térébenthine avec laquelle ils ont des affinités qu'il est inutile de préciser. Pourtant, un procédé très ancien, puisqu'il est employé dès le haut Moyen Age, donne des résultats spectaculaires et recommandables à plus d'un titre. La patine à l’huile de lin. On l'emploie aussi chaude que possible, et le meuble en est enduit jusqu'au «refus», c'est-à-dire jusqu'au moment où l'huile reste en surface et n'est plus absorbée. On observe un séchage partiel et l'on essuie l'excès. On laisse alors sécher le temps nécessaire. Plusieurs jours, même par temps chaud et sec. C'est le seul inconvénient de l'opération. Ensuite, on frotte à la brosse ou au chiffon, le brillant est profond et définitif. Avantage considérable, le bois le plus tendre durcit nettement après imprégnation d'huile de lin. On l'utilisera donc avec profit, outre les résineux, sur le peuplier, le tilleul, bois un peu mornes qui y gagneront une ravissante teinte dorée.